Le groupe

EyeJack, c'est avant tout l'histoire improbable de deux musiciens débarqués de nulle part, ou plutôt d'univers éloignés. Sur le papier, il n'était pas " écrit " qu'ils s'entendraient. Jugez plutôt : l'un grand métis, toujours grand sourire ; l'autre petit blond, pas trop bavard. L'un, du style animal nocturne, des fourmis dans les pieds, prompt à bouger ; l'autre, du genre plus réservé, plus casanier. En clair, night and day. Eyejack, c'est donc ceux-là, le jour et la nuit réunis en une face, deux planètes qui se sont croisées pour inventer un son unique. Histoire de faire mentir les a priori, d'aller au-delà des apparences. Il suffisait juste de régler leurs horloges biologiques au son de la musique. Et là, pas de doute cette union des contraires sonne de la plus belle des manières, jouant sans hésiter de leurs différences. Guitariste et compositeur, Cyrille Jakob a été biberonné au rock dans toute sa diversité de styles, d'Aerosmith son groupe fétiche à Van Halen son guitar hero, allant même l'étudier au Musician Institute. Chanteur et auteur, Ilan Evans fut quant à lui bercé par les standards du jazz qu'il pratiqua en clubs et la soul, avec pour référence ultime Nina Simone. " Je suis un peu tatillon, il est un peu nonchalant. ", s'amuse le premier. " Je suis plus éparpillé, il est plus axé. ", ajoute dans un éclat de rire l'autre. A bon entendeur, viendra le salut.

Ils se sont découverts en 2003. Et ont décidé bien vite de mener un projet commun. Leur mot d'ordre : " Se faire plaisir. Sans chercher à entrer dans un format ni viser une audience. " Cyrille et Ilan vont ainsi bâtir, pièce après pièce, un univers qui leur ressemble, qui les rassemble. Tendance soul rock, la combinaison de leurs deux personnalités. En novembre 2007, ils font leur première date à L'Expérimental Cocktail Club ! C'est le début d'une suite de rendez-vous dans la capitale, de L'Opus Café au Trabendo, où ils conquièrent un public du genre tout sauf formaté. Ils feront même la première partie de Justice à Cannes. En parallèle, les deux compères fignolent un disque chez MyMajorCompagny, où ils peuvent compter sur 558 producteurs associés via le site de ce label pas tout à fait comme les autres. " On cherchait la bonne équipe de réalisateurs, avec un son british : quelque chose d'un peu vintage, ni trop brillant, ni trop mat. " Ce sera Sophie Delila, une musicienne émigrée à Londres, et John Kelly, un ingénieur son " gentleman ". A l'été 2009, Cyrille et Ilan vont demeurer deux mois à Londres, où ils enregistrent avec une équipe rompue à ce type d'exercice : Derrick McKenzie, batteur de Jamiroquai, Steve Pearce, bassiste de Stevie Wonder sur scène Et Simon Hale, arrangeur qui souligne de cordes subtiles trois chansons d'EyeJack.

Au final, EyeJack signe un premier album d'une évidente maturité. Soit onze chansons originales et " Heaven Helps ", un gospel emprunté à Stevie Wonder, qu'ils magnifient en un duo guitare-voix. Cette composition, comme toutes les autres, est interprétée en anglais, la voie naturelle pour Ilan, parfait bilingue. " Ce choix découle naturellement de la musique que nous aimons mais aussi parce que via Internet, l'anglais est le meilleur passeport, un moyen de partager notre musique avec le plus grand nombre. " A l'image de " Just About The Sun ", le premier single serti d'un gimmick léger et joyeux. Difficile de ne pas se laisser entraîner sur la piste de danse. Ces deux titres donnent la couleur générale de l'album : une soul rauque peuplée de guitares éclectiques, un rock énergique qui ne néglige pas pour autant les instants plus posés comme sur " Before I Met You ", ballade soul jazzy où Ilan prend des accents de crooner. Et que dire de " Girl I Wish ", une love song " impossible ", mais un rêve nommé désir, qui débute par un sample de " La Vie est belle ", la comédie de Frank Capra. Pas de doute, l'ambiance est au beau fixe, l'insouciance reste l'essence qui fait carburer ce duo qui joue avec magnificence de ses différences.