Yalta [jalta] n. p. : Station balnéaire propice au partage du Monde entre amis.
Entre cynisme politique et légèreté estivale, la marque du Yalta Club est là. Plus qu'un groupe conventionnel, ce Yalta là est une véritable association, une communauté mélodieuse dont les personnalités, aussi diverses que leur musique est variée, ont réussi un alliage unique et détonant. Une tribu soudée à l'éclectisme aussi cohérent qu’ébouriffant, qui, sous des atours rayonnants, distille des textes plus retors qu’il n’y paraît.
Rayonnant ? Ou plutôt fantasque et fantasmagorique, vibrant et vitaminé, foutraque sans foutoir, débridé mais pas débraillé, à la fois fun et fou, électrisant et maîtrisé, avec un appétit gargantuesque pour les rythmes, les sons et les harmonies, d'où qu'ils viennent. Car les mélanges, Yalta Club en a fait sa spécialité : Lové entre rock foutraque, pop caribéenne et folk décalé, rien n'échappe à la moulinette magique de ce stupéfiant collectif, plus collecteur que collectionneur. Une fusion née des influences de chacun des musiciens : si certains ont grandi à l’ombre de Cake et Pixies, d'autres ont été biberonnés aux joyeuses chorales d’I’m From Barcelona et aux harmonies vocales classieuses, Beatles , Kinks et Beach Boys de Brian Wilson en tête.
Des mentors anglo-saxons qui expliquent leur penchant pour la langue anglaise, même si, là encore, ce choix n'a rien d'exclusif : sur l'album à venir, figurera un couple de chansons écrites dans la langue de Gainsbourg.
L'histoire commence avec six musiciens réunis à Nantes, sous le pseudonyme rigolard de Stoned Popes, où ils commettent leurs premiers larcins musicaux. En toute insolence, ces sales gosses détournent un arsenal d’instruments pour en tirer des mélodies entêtantes et une énergie scénique électrique, véritable catharsis collective rappelant les grandes heures de la Mano Negra, à l’image de ce "Dum Clap", percussion corporelle utilisée avec la complicité enthousiaste du public, conquis.
Un EP autoproduit et une centaine de concerts plus tard, le groupe passe à la vitesse supérieure. Après quelques changements poste pour poste dans l’effectif, Geff, Erwan, Tom, Corinna, Nico & Seb régentent avec panache ce territoire pop où chant, guitares, sampler, claviers, xylophone et percus en tout genre se tapent la bourre dans un réjouissant bric-à-brac sonore. Le nouveau Yalta a enfin signé son accord majeur : un Club des Six à l'alchimie unique, république autonome qui compte bien faire entendre sa voix.
Le résultat, c'est ce premier EP de quatre titres en guise de constitution, intitulé "Highly Branded", présenté sous une pochette énigmatique dessinée par Laurent Fetis. Annonciateur d'un album à venir début 2013, enregistré par Julien Trimoreau (Mina Tindle, Camille, Toy Fight) sous la houlette de Mark Plati (Bowie, The Cure, Bashung, Louise Attaque, Les Rita Mitsouko et bien d'autres), cet EP est une promesse de lendemains qui chantent juste et fort. Quatre morceaux en forme de carte de visite, qui nous trimballent entre le rock tendu et chamarré de "Highly Branded", convoquant Guy Debord à la table des négociations, et le western mariachi de "Golden Boy", clin d'œil à Calexico qui propulse un trader tristement célèbre dans l’impitoyable Grand Ouest américain ; un détour par le folk barré de "Loser Song" tirant le portrait ironique d'une jeunesse déboussolée, et la visite de David Bowie avec l’étonnante reprise de « Starman » – ce Yalta Club a décidément du cran - bouclent le tour du propriétaire !
Yalta, ça se prononce aussi "Halte à"… la morosité, l'étroitesse d'esprit, la mesquinerie musicale, la pauvreté harmonique.
Bienvenue au Club.