Le groupe


Gavroche
Des petits bouts de bonheur

Des petits bouts de bonheur. Des grandes révoltes. Des deux, Gavroche n'en manque pas. Des petits bouts de bonheur, c'est le nom du deuxième album de cet artiste qui jongle avec les plaisirs simples, quotidiens, "ces petits riens qu'on ne voit pas, que l'on perd parfois de vue", et les indignations. Avec lui, ça danse sur les barricades.
Se considérant comme un "journaliste-musicien", Gavroche observe le monde avec empathie mais sans complaisance. Poing levé, refrains scandés, le titi rémois, , épingle dans sa chanson "L'Amnésie internationale" "les relents racistes, le fait de considérer certaines personnes comme des êtres inférieurs." Un hymne qui raisonne aux oreilles de chou du beau Serge, un temps sifflé pour sa recette marseillaise.
Ecouter ces "Petits bouts de bonheur", c'est flâner le temps d'une chanson parmi "Les Misérables" de Victor Hugo, à qui le chanteur a emprunté son nom de scène, les frondes de Renaud, les peintures anarchistes de Léo Ferré. Né dans les Ardennes, Gavroche la gueule noir a colorié sa musique des pigments de la subversion. Le ch'ti reprend d'ailleurs la déclaration d'amour d'un autre grand homme, "les Corons" de Pierre Bachelet, "une chanson superbe ! Il a tout dit en quelques couplets. Moi aussi, j'ai connu cette vie, même si ma génération a remplacé les terrils par les usines", raconte ce fils d'ouvrier, qui égaie la brique rouge de vert et de jaune. Gavroche le métèque enfin, qui convoque Moustaki et cette "Révolution permanente" qu'il ne nomma pas, pour intimer à ses compagnons de rue que "Le combat continue". Quelle que soit sa chronique sociale, le troubadour trouble-fête chante non pas pour un public, mais face au peuple : sa plume acerbe brocarde les puissants, sa colère, universelle, se teinte des mélopées de l'air du temps. La scène est sa tribune.
Son terrain de jeux surtout. Accompagné de sa guitare , Gavroche multiplie les rencontres - dans la rue comme en studio -, et les métissages. C'est donc une famille nombreuse et bigarrée, (des percussions , au violon tsigane ou classique, guitare électrique, basse) qui rejoint le studio rémois de la Cartonnerie pour enregistrer cet album coup-de-poing, avec un invité de marque, Christophe Lartilleux de Latcho Drom. Le manouche, né dans la célèbre famille du cirque Hart-Goujon, apporte sa touche swing, son sens de la valse et ses histoires de "banquiste" (musicien de cirque). La rencontre de deux nomades : "Etant d'origine kabyle, je cherche toujours ma place dans la société, j'ai une roulotte dans la tête !". A l'image des gens du voyage, Gavroche chemine en musique, entre gammes et grammaire, entouré des siens, et de tous ceux qui souhaitent rejoindre la joyeuse troupe. Des petits bouts de bonheur, essentiels.