Le groupe

"Ils sont français et chantent leur rock dans leur langue maternelle, ajoutez à cela que leur port d’attache est à Bordeaux et vous aurez très vite compris pourquoi les allusions à Noir Désir et à son héritage risquent de fuser quand il sera question de Grandjacques … Et pourtant, s’il y a forcément une certaine ressemblance avec ce prestigieux aîné, c’est bien plus loin qu’il faut aller chercher les influences du quartet puisque du propre aveu de Jacques Adranyi à la guitare et au chant, de Thierry Mesquita aux guitares, de René Godart à la basse et de Pierre-Luc Fauny à la batterie, c’est du côté des groupes expérimentaux de la fin des sixties qu’elles se trouvent, même si à l’occasion on y croise aussi quelques intonations qui rappellent un bon vieux Téléphone voire même un Ganafoul de derrière les fagots …

Une dose d’engagement, une autre de lucidité, un poil de résignation parfois, il ne faut pas grand chose à Grandjacques pour réussir à écrire une belle chanson et à la poser sur des fondations où le rock garage se laisse intelligemment rattraper pour une pincée de pop et à l’occasion d’une pointe d’acoustique comme quand par exemple la basse cède spontanément sa place au violoncelle pour nous offrir un « 06 Mai 20H00 » ahurissant de réalisme. Jamais en reste, les autres titres de cette trop brève mais déjà copieuse rondelle laissent entrevoir un groupe qui malgré sa création récente a déjà trouvé non seulement sa voie mais aussi ses marques et qui s’attache à les mettre aussi bien en valeur en studio sur des titres comme « Les pieds, les poings liés » ou « La peur du vide » qu’à la scène durant des prestations d’une heure qui sont 100% garanties naturelles et sans le moindre additif inutile. Du rock brut de fonderie avec des textes intelligents qui tiennent la distance, une sincérité à toute épreuve pour ce qui est du ton employé, on n’a pas trouvé mieux pour se faire un nom sur la scène française et ça, Grandjacques l’a bien compris ! "
FRED DELFORGE (ZICAZIC, Mars 2011)