Le groupe

Il faut prendre le nouvel album de Manu Larrouy comme une épopée. Moderne et générationnelle, l’épopée. Beau gosse, le héros. Tel Orphée bravant les Enfers pour retrouver son Eurydice, ce trentenaire pop s’est imposé, malgré lui, la plus implacable des épreuves : fournir chaque jour à son amoureuse qui l’avait quitté une chanson pour la reconquérir. Une course à l’amour fou, tempo rapide, synthés eighties, cœur battant. Un truc de dingue ralenti par les regrets, les remords, la sensation de vide, la gorge serrée par tout ce qu’on ne s’est pas avoué à temps et qu’il aurait fallu dire. Ou par l’impression vertigineuse de sêcher devant la page blanche, les fantasmes, les rêves, la sensation cotonneuse de la tenir encore dans ses bras, là, sur le canapé. Et le plus beau de l’histoire n’est pas que l’amoureuse soit revenue et chante avec lui sur l’album un duo de comédie musicale, mais que toutes ces chansons soient là, pour nous, et qu’on revive, pas à pas, mélodie après mélodie, texte après texte, toutes les émotions, presque en temps réel, de notre sentimental héros. Et si l’on croyait le grand amour remisé au placard, plus d’actualité, out of date, l’album de Manu Larrouy nous file une sacrée claque.